Jalons pour une histoire du département d'ethnologie, de l’université de Paris X Nanterre, par Olivier Herrenschmidt
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La Faculté des lettres de Paris X a ouvert ses portes à la rentrée de 1964. On y arrivait par le chemin de fer, en s'arrêtant à la station joliment nommée « Nanterre La folie. Complexe universitaire ». Eric de Dampierre y arriva en 1965 et créa un enseignement d'ethnologie à la rentrée 1966. Avec Michel Izard puis Hélène Clastres et quelques autres chargés de cours, dont plusieurs membres du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, ils assurèrent l'essentiel des enseignements. Le laboratoire a été créé en juin 1967 par la Faculté des lettres et ne fut reconnu, après quelques difficultés, par le C.N.R.S qu’en 1969 (LA 140). L'enseignement de niveau Licence y fut complet en 1967-1968. Dès cette année-là, seize doctorants furent rattachés au Laboratoire (dont Pribislav Pitoëff, Altan Gökalp, Cécile Barraud, Michel Dieu). La première thèse de troisième cycle en ethnologie fut soutenue en 1969 par Manga Bekombo Priso.
Après Eric de Dampierre, le département a été successivement dirigé par Henri Lavondès, Serge Tornay, Olivier Herrenschmidt, Patrick Menget, Augustin Holl, Georges Augustins, Bernard Formoso, Danielle Geirnaert, Olivier Kyburz, Philippe Erikson, et aujourd’hui par Virginie Milliot.
L'effectif des enseignants va croître lentement – voir la liste des enseignants. Aux côtés des statutaires (dont Olivier Herrenschmidt, Paul Ottino, Patrick Menget, Serge Tornay et Henri Lavondès) des professeurs étrangers, invités ou associés, ont alimenté la dynamique intellectuelle du département, durant sa première décennie : après Marshall Sahlins – ci-dessous son discours du 15 Juin 1999 lorsqu’il est fait Docteur Honoris Causa de l’Université, sont venus Yamaguchi, D. Sapir, J. Murra, G. Lewis, J. Pitt-Rivers, J. Crocker et V. Crapanzano.
Le noyau dur des huit premiers enseignants sera renforcé à la fin des années 1990 par de nouveaux recrutements. Entre temps, la population étudiante de second cycle (années de licence et de maîtrise) est passée de quelques dizaines en 1968 à 170 inscrits en 1980-1981, plus de 300 à la fin des années 90. Le D.E.A. a été créé en 1976, avec des effectifs qui ont rapidement atteint la trentaine d’étudiants. 17 doctorats ont été soutenus dans l'année 1997. Et le département s'est engagé dans la réforme des premiers cycles en créant une option du D.E.U.G. d'histoire, «histoire-ethnologie » en 1984, lui attirant rapidement 150 étudiants débutants. Dans ce cadre, il assure un enseignement pour « non-spécialistes » intégré dans la formation de base des étudiants de l’UFR de Sciences sociales et administration (SSA).
Avec l’enseignement et la recherche, Eric de Dampierre a tout de suite tenu à installer et développer une bibliothèque et un service de documentation. Remo Guidieri est responsable de la bibliothèque naissante en 1967. Après le passage rapide de deux bibliothécaires entre 1968 et 1971, Marie-Dominique Mouton est recrutée en 1972. Jean-Marc Chavy, dessinateur arrive en 1969.
Après Eric de Dampierre, le département a été successivement dirigé par Henri Lavondès, Serge Tornay, Olivier Herrenschmidt, Patrick Menget, Augustin Holl, Georges Augustins, Bernard Formoso, Danielle Geirnaert, Olivier Kyburz, Philippe Erikson, et aujourd’hui par Virginie Milliot.
L'effectif des enseignants va croître lentement – voir la liste des enseignants. Aux côtés des statutaires (dont Olivier Herrenschmidt, Paul Ottino, Patrick Menget, Serge Tornay et Henri Lavondès) des professeurs étrangers, invités ou associés, ont alimenté la dynamique intellectuelle du département, durant sa première décennie : après Marshall Sahlins – ci-dessous son discours du 15 Juin 1999 lorsqu’il est fait Docteur Honoris Causa de l’Université, sont venus Yamaguchi, D. Sapir, J. Murra, G. Lewis, J. Pitt-Rivers, J. Crocker et V. Crapanzano.
Le noyau dur des huit premiers enseignants sera renforcé à la fin des années 1990 par de nouveaux recrutements. Entre temps, la population étudiante de second cycle (années de licence et de maîtrise) est passée de quelques dizaines en 1968 à 170 inscrits en 1980-1981, plus de 300 à la fin des années 90. Le D.E.A. a été créé en 1976, avec des effectifs qui ont rapidement atteint la trentaine d’étudiants. 17 doctorats ont été soutenus dans l'année 1997. Et le département s'est engagé dans la réforme des premiers cycles en créant une option du D.E.U.G. d'histoire, «histoire-ethnologie » en 1984, lui attirant rapidement 150 étudiants débutants. Dans ce cadre, il assure un enseignement pour « non-spécialistes » intégré dans la formation de base des étudiants de l’UFR de Sciences sociales et administration (SSA).
Avec l’enseignement et la recherche, Eric de Dampierre a tout de suite tenu à installer et développer une bibliothèque et un service de documentation. Remo Guidieri est responsable de la bibliothèque naissante en 1967. Après le passage rapide de deux bibliothécaires entre 1968 et 1971, Marie-Dominique Mouton est recrutée en 1972. Jean-Marc Chavy, dessinateur arrive en 1969.
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Tous les domaines fondamentaux de l'ethnologie « classique » figurent au programme de la licence (Nanterre est une des rares universités françaises à considérer encore que l'enseignement de la parenté est nécessaire) et la linguistique, comme l'ethnolinguistique, y a sa place dès les premières années (Jacqueline Thomas, Aurore Monod, Nicolas Ruwet). La maîtrise forme des étudiants pour l'ensemble des cultures du monde.
Très tôt, Eric de Dampierre introduit la préhistoire dans la formation des ethnologues, avant d'en faire une filière complète. Claude-François Baudez et Pierre Becquelin dirigent un séminaire sur la Méso-Amérique dès 1969-1970. A la rentrée 1970, José Garanger donne le premier cours d'« introduction à la préhistoire » et le doyen Lionel Balout inaugure un cours sur l’« histoire de l’homme ». Jacques Tixier , Hugot et Denis Vialou viennent renforcer ces enseignements dès l'année suivante. Les deux premiers doctorats de préhistoire sont soutenus en 1973 par Christiane Prost et Catherine Perlès. Celle-ci est recrutée à la rentrée 1973 comme maître-assistant associé, après quelques mois passés comme assistante au MNHN. Ce n'est que dix ans plus tard qu'Augustin Holl la rejoindra.
L'ethnomusicologie deviendra plus tardivement la troisième filière du département. Mireille Helffer donne le premier cours d'introduction en 1976-1977. A partir de la rentrée 1978, Bernard Lortat-Jacob la rejoint avec Hugo Zemp : c'est l'équipe de Gilbert Rouget (Musée de l'Homme) qui permettra – et permet toujours – de construire cet enseignement nanterrois, unique en son genre par son insertion dans un département d’ethnologie, jusqu'à ce que le premier poste de maître-assistant d'ethnomusicologie soit créé en 1987. Pierre Sallée y est élu, mais se suicidera dans cet été 1987 avant de nous rejoindre. Jean-Michel Beaudet, sera recruté l’année suivante ; il sera rejoint trois ans plus tard par Miriam Rovsing-Olsen. Tous deux viennent de cette équipe du Musée de l'Homme. Lucie Rault sera la première docteure en ethnomusicologie, en 1973.
Quelques principes fondamentaux ont été mis en oeuvre par Eric de Dampierre, qui donnent aujourd’hui encore à l'ethnologie nanterroise son caractère spécifique :
- Une association étroite entre l'enseignement et la recherche. Les membres du Laboratoire – quelle que soit leur position institutionnelle – ont le devoir d'enseigner et/ou de suivre les étudiants dans leurs travaux de maîtrise et de thèse –voir le texte datant de 1968 « L’expérience du laboratoire de la faculté des lettre de Nanterre. Une mise au point »-d’Eric de Dampierre.
- Un programme d'enseignement cohérent et le plus complet possible pour les second et troisième cycles. Les bases théoriques et méthodologiques de l'ethnologie sont enseignées en licence, constituant la moitié de la formation des préhistoriens et ethnomusicologues ;la maîtrise est l'année de la première recherche à l'occasion du mémoire, centré la plupart du temps sur une aire culturelle ou une société définies, à laquelle introduisent les enseignements complémentaires ; l'année de D.E.A., qui prépare à la thèse est à nouveau théorique, comportant deux enseignements d'épistémologie obligatoires pour toutes les options ( Eugène Fleischmann et Jean-Claude Gardin les ont longtemps assurés). Depuis les plus récentes réformes universitaires (et notamment la réforme des LMD en 2005 et LRU en 2007) la formation s'articule en deux années de Master au sein desquels se déclinent actuellement quatre diplômes (un Master d'Ethnologie générale et de Préhistoire, un Master de Dynamiques des Mondes Ruraux et Environnement, un Master d'Anthropologie des dynamiques sociales et du développement, un Master Ethnomusicologie et Anthropologie de la danse [comprenant une voie recherche et une voie pro] et trois parcours (Ethnologie générale, Préhistoire et Ethnomusicologie).
- Une large collaboration de spécialistes extérieurs à l'université, qui acceptent d'enseigner et de superviser les mémoires des étudiants qui se spécialisent dans leurs domaines, de diriger leurs thèses et de les accueillir dans leurs formations de recherche. Les étudiants nanterrois ont ainsi l'assurance de trouver un chercheur qualifié exigeant et attentif, quelque soit leur thème et leur lieu de recherche.
Le département a toujours une place reconnue dans le champ de la discipline. 67 thèses d’ethnologie 9 d’ethnomusicologie et 14 de préhistoire, ont été soutenues entre 2000 et 2008, la majorité des docteurs a trouvé un poste quelques années après la soutenance.
Mis à jour le 29 août 2017